BIO
Sacha est née en région parisienne au début des années 80. De formation littéraire, elle entre dans une école préparatoire aux Beaux-Arts puis obtient un bachelor en Information et Communication en France. Après avoir travaillé dans les écoles de Zone Urbaine Sensible, l'artiste renoue avec ses premières amours en Suisse.
"Je mêle le fantasme, la sublimation du corps et son ambiguïté. Mes filles sont femelles, captives d'un obscur projet. Leur espace est restreint mais toujours connecté à leur sensualité. Je ne peins pas des victimes mais plutôt des animaux humains tourmentés par une dévoration.programmée.
Sa peinture explore le féminin gracieux et dévorateur. Ses thèmes de prédilection comme "la dévoration" et "la figure féminine", se retrouvent aussi dans son écriture.
Les Éditions L'Âge d'Homme publient son premier roman La Petite galère* en mars 2015.
Son deuxième roman intitulé Morceaux* est actuellement disponible en librairies. Ce texte d'anticipation a fait l'objet d'un ROMAN-EXPO à la librairie HumuS à Lausanne en mars 2018.
Après la publication de plusieurs chroniques sur le site genevois Bythelake et d'autres textes dans la revue littéraire romande La Cinquième Saison comme Collapse* ou encore How dare you, Greta ?* dans le journal Satirique Vigousse, Sacha travaille actuellement sur l'écriture d'un troisième roman intitulé Déglingue*, brûlot politique et écologique inspiré des crises sociales survenues en France depuis 2019.
Déglingue (extrait n°1)
"Le premier de cordée va encore mentir à la télé. La vérité n’est pas son sujet. Le petit gestionnaire de l’activité financière parlera bien sûr de la Déglingue, cette pandémie mondiale qui fait chigner la Méga Machine mais ne pipera mot sur la nécessité radicale de mettre un coup d’arrêt à l’hubris des sociétés cannibales. Le Président n’évoquera pas non plus le besoin impérieux de changer de braquet, ne remettra pas en cause les économies tragi-comiques de l’Homme qui pense, ne fera ni référence au niveau regrettable de ses connaissances, ni à son sens limité des responsabilités."
Déglingue (extrait n°2)
"L’ancien banquier séduisait. Grands patrons, directeurs de rédaction, quêteurs, escrocs, publicitaires, partout où les professionnels de la persuasion vivaient sur le consentement des masses, partout où l’argument de la compétence venait appuyer celui du sérieux, dans chaque espace où les dominants tournaient en boucle, où les barbes se congratulaient, arborant le même costume bleu nuit de la neutralité dominante, partout où s’entremêlait la fausse virilité et la bêtise caractérisée, le play-boy y était désiré et convié."
How dare you, Greta ? (extrait de l'article paru dans le journal Vigousse)
"Chère Greta Thunberg,
« Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît » Connais-tu cette réplique culte issue du film Les Tontons Flingueurs ? Elle s’est rappelée à mon bon souvenir lorsque j’ai vu « les cons » pisser sur ton nom et ta jeunesse à la suite de ton discours prononcé à l’ONU la semaine dernière.
Politiques, journalistes, éditocrates se sont succédé dans les studios de l’idiocratie pour s’offusquer d’être si injustement accusés par une adolescente de 16 ans. Les professionnels de la profession largement plus qualifiés que toi en matière d’écologie (les preuves sont en effet édifiantes) ont uni leurs efforts pour te remettre à ta place de petite morveuse psychopathe égoïstement obsédée par son avenir.
C’est vrai que tu exagères, gamine ! Reconnais-le, tu n’as pas le cerveau encore assez éduqué pour comprendre la complexité de ce monde pourri qu’ils sont en train d’édifier en l’honneur du dieu Argent. Incline toi devant les sachants. Fais au moins semblant jusqu’à ta majorité de ne pas comprendre vers où nous conduit la formidable marche du progrès globalisé. Attends un peu pour dénoncer l’inconséquence des enfoirés notoires que les états protègent, la propagande organisée et tous leurs mensonges éhontés.
Collapse (extrait du texte paru dans la revue La Cinquième Saison)
"Tu te trouveras bien con devant la machine à café de ton bureau qui refusera (la première) de te satisfaire. Tu retourneras à ton poste de travail rechercher la « synergie proactive de groupe » que tes supérieurs appellent de leurs vœux marchands mais tu n’y trouveras que des actions absurdes et adopteras des gestes répétitifs dont la finalité t’échappe. Dans la civilisation du désir permanent, ta frustration le sera également. Il faudra t’aliéner. Passer ta vie à la gagner. « Tu seras condamné à courir toujours et de plus en plus vite. Il sera interdit de t’arrêter. Pire encore, il te sera interdit de cesser d’accélérer. »
Tu ne résisteras pas, tu te soumettras. Tu es fait pour ça.
« Pour ne pas avoir à réfléchir, tu te laisseras volontairement porter par un courant puissant qui ne t’offrira aucune alternative quant à la direction à suivre.» Après l’incident de la machine à café, ton ordinateur fera sécession. Suivront la pompe à essence, ta carte de crédit, ton réfrigérateur. Plus de cadavres prédécoupés dans les rayons de ton supermarché. Tu devras t’adapter. Même ta vie sexuelle s’éteindra à l’instar de tous tes divertissements. Tu seras seul. Toi qui possédais tant de cerveau disponible pour participer à l’économie de l’attention. Toi qui désirais à tout moment, qui consommais frénétiquement, qui dépensais tes p’tits sous pour faire fonctionner la machine libérale. Tant d’énergie pour vendre ton souffle vital au grand capital."
La Petite galère (extrait du roman paru en 2015)
Marie.
La Jolie.
Cette fille, c'est Frida, Judith, Ophelia. Réunies dans un seul et même tableau. Une bande dessinée pour adultes. Une comptine pour enfants. La Dame Tartine de l'érotisme - le Miel des poètes. De sept à soixante-dix-sept ans.
Ses yeux.
Elle pourrait vendre la source qui coule dans leur écrin. C'est deux-là donnent goût au voyage, font larguer les amarres, déclenchent l'avarie des synapses. Son regard est d'ici, mais surtout d'ailleurs. Quand il vous tient, il est trop tard pour revenir. On est déjà loin.
Son sourire.
Un petit animal qui vous grignote le cœur, remue les entrailles du monde, en ébranle sa lente tragédie. Sa douceur est le moteur de l'espérance. Quand il est pour vous, le bonheur est proche. Et la vie recommence. (...)
Son dos.
Du creux de ses reins jusqu'à l'arrondi de l'épaule, une branche de cerisier est tatouée à l'encre rose. Tournées vers l'Orient, les pétales caressent sa peau de brocart. Si l'on s'approche, on en tend glisser sous ses hanches une petite carpe aux écailles myosotis. Marie rêve de recouvrir son corps de tatouages japonais :
"Pour faire quelque chose de ma peau", dit-elle.
Les garçons, amis, collègues, patrons; tous rêvent de lui faire l'amour, l'épouser, lui donner ce qu'ils ont et même ce qu'ils n'ont pas. N'auront jamais. Marie rend fou. Amoureux. Souvent les deux. Enfin, c'est ce qu'ils disent une fois qu'ils sont sur elle. Comme d'autres filles du quartier, la Jolie pourrait la vendre, sa peau. Selon leurs dires, le business est florissant.(...)
Même si à la Prairie, le frigo tire souvent la gueule, Marie tient bon. La plus belle fille du monde ne s'achète pas, elle se donne - Marie est une putain de sainte.
Morceaux (extrait du roman paru en 2019)
Ici la Zone.
Dans l'air flottent les particules. Le ciel est une forteresse saturée de cendre et de matière plastique. Les bondieuseries n'habitent plus ici. Le Tout-Puissant n'est pas grand - Il est absent. On ne craint plus sa divine colère. On ne mendie plus sa miséricorde. L'absolution ne sera pour personne.
Sur le territoire de la Zone il faut rester sur ses gardes. La bête n'est jamais loin quand le fou souffle sur la plaine. On ne prie pas l'Éternel. On ne prédit pas les tempêtes. On lève simplement la tête pour la garder sur les épaules.
Ici la Zone.
Une terre décidée à rendre les armes. Fatiguée d'avoir trop vu et tout perdu. Les pluies sont fréquentes mais ne la nourrissent plus. Les fleurs qui osent encore pousser en oublient leur parfum et les morceaux y perdent la mémoire. (...)
La vie dans la Zone est un abcès qui ne cesse jamais de crever. Les coups pleuvent, la foule s'embrase. Alors les émetteurs s'allument, grandioses et saisissants. Comme une chaire de cathédrale plantée en terre misère, invitant ses fidèles à bouffer leur salut.